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Témoignage de Monsieur et Madame BESSE
(3 mars 2005)



"Tous les lavoirs de Ruelle ont été construits vers 1896 à 1898. Il y en avait beaucoup au bord de la Touvre: le lavoir de Port Venténat à Villement, celui de la fonderie (disparu), celui du Bac du Chien ....... Le Bac du Chien, nom du ruisseau qui se déverse dans la Touvre au niveau du lavoir, est la déformation du vieux mot "gaduchin" qui signifiait un gué sur un petit ruisseau.
Le plus prisé des lavoirs était La Camoche, aujourd'hui disparu, et qui était situé sur la rive droite, entre l'actuelle salle des fêtes de Magnac-sur-Touvre et la pépinière "Fleurs de Charente" de Fourville. C'était un lieu très aimé des Ruellois qui y allaient aussi souvent le dimanche pour pique-niquer. L'une des pierres à savonner "établie" là en 1905, "a été payée par parties égales par la commune de Ruelle et par celle de Touvre", et devait "servir indifféremment aux habitants de ces deux localités" (cf. les archives municipales.)

Les jours de grande lessive, les gens du village des Riffauds allaient aussi laver à la Camoche, car on avait jusqu'à 15 ou 20 draps et les deux lavoirs de la fontaine des Riffauds étaient trop petits. Un homme du village prenait son cheval et sa charrette et emmenait les femmes et leur linge ainsi que les enfants qui jouaient ensuite dans les prés et pêchaient de petits poissons. C'était la fête. Ils partaient de bonne heure.
Quand les draps, chemises et petit linge étaient lavés, les hommes aidaient à l'essorage en tordant le linge. Puis on mettait le linge à sécher tout autour sur l'herbe et sur les haies. A midi, on faisait du feu et on faisait frire les poissons dans les poêles apportées dès le matin. Le soir, une bonne partie du linge était sec."

"La source de la Fontaine des Riffauds ne s'est jamais tarie. Il y avait donc toujours de l'eau dans le lavoir, mais il fallait nettoyer le fond avant de mettre le linge car les feuilles qui y tombaient faisaient naître un dépôt visqueux. Pour remonter du lavoir, ce n'était pas facile. Il fallait se mettre à deux: l'un poussait la brouette et l'autre la tirait par-devant avec une corde.
On m'a raconté que mon arrière grand-mère avait un âne; c'est lui qui remontait la petite charrette contenant le linge." PS: Villement, Fourville, les Riffauds, sont tous des villages situés sur la commune de Ruelle, désormais attenants au bourg pour les 2 premiers.



Témoignage de Madame Lucienne Tricoche
(Mai 2005)

Fin des années 40, j'habitais Place Des Ormeaux à Ruelle.
La plupart du temps, j'allais laver au petit lavoir du Bac du Chien. C'était juste à côté, rue Marie Curie, c'était commode.
Un jour, j'ai échappé une chaussette de mon mari et le ruisseau l'a emportée. Alors je me suis vite relevée et j'ai couru, couru.
J'étais jeune en ce temps-là, je courais vite!
J'ai couru, traversé la route, pris le chemin du Bac du Chien, jusqu'au grand lavoir.
Et j'ai réussi: j'ai rattrapé ma chaussette au moment où le Bac du Chien la jetait dans la Touvre.
Lucienne Tricoche.




Témoignage de Zélie Gentil, 91 ans, qui habitait autrefois les Riffauds de Ruelle.
(2006)

"J'ai habité sur la butte des Riffauds avec mes parents jusqu'à mes 19 ans, en 1934. Après nous avons déménagé.
Ma pauvre mère a bien travaillé, c'était très dur en ce temps-là. Il y avait deux fontaines en bas des Riffauds , mais ma mère s'arrêtait toujours à la petite, plus proche et plus commode. Elle emmenait le linge sale au lavoir, avec sa brouette.
Elle le lavait sur une pierre et rinçait dans le lavoir. Il fallait souvent nettoyer le lavoir. Elle soulevait la vanne pour le vider, puis entrait dedans et frottait le fond avec un balai pour enlever la crasse et les saletés.
Il n'y avait rien pour poser le linge à sécher sur place. Alors, elle remontait le linge trempé avec sa courge ou "chambalou" en patois.
C'était une perche de bois, aplatie en son milieu et qui se portait sur l'épaule.
Elle posait la courge sur la pierre à laver, pendait le linge à chaque bout, puis installait le tout en équilibre sur son épaule. Il y avait parfois deux draps à chaque bout, plus le menu.
Ma pauvre mère n'était pas grande, et la grimpette était dure. Mais elle était forte, et ne s'arrêtait guère en chemin. Toute petite, je frottais le linge de ma mère. Les dernières années, ma soeur et moi lui aidions beaucoup. Mais je ne voulais pas du chambalou: ça faisait trop mal aux épaules!"